Par Albert Kouassi
Consultant en innovation, ancien danseur et figure marquante de Variétoscope
La 40ᵉ édition de Varietoscope s’est clôturée en apothéose, marquée par une innovation digitale marquante et une victoire éclatante de la Nouvelle Vision de Danané. Leur prestation magistrale a conquis le public présent, les téléspectateurs et l’ensemble des amoureux du spectacle.
Derrière eux, la Génération FR de Koumassi (tenant du titre) s’empare de la 2ᵉ place, suivie de Tafipilés de Tafiré (3ᵉ), Marie Koré de Gbogué (4ᵉ) et Force DPN Agnéby Tiassa (5ᵉ).
Mais qu’est-ce qui a fait la différence ? Zoom sur les rubriques, les succès et les axes d’amélioration.
Nouvelle Vision de Danané – Vainqueur
Morceau imposé
Un tableau festif d’une grande qualité, porté par :
Fait de société
Un sujet pertinent et globalement bien mené, mais qui aurait pu être encore plus marquant avec ces ajustements.
Morceau au choix
Une prestation aboutie, avec :
Un moment fort de la finale, où technique et émotion se sont conjuguées pour offrir une expérience inoubliable.
La Nouvelle Vision de Danané a livré une performance complète et maîtrisée, réunissant innovation, énergie et authenticité. Une victoire unanimement saluée, qui les inscrit désormais dans la légende de Varietoscope. Bravo à eux à toute l’équipe investie!
Génération FR de Koumassi – 2ème
Morceau imposé
L’idée de proposer un voyage à travers plusieurs tableaux successifs était intéressante. Cependant :
Vous aviez pourtant l’opportunité de sublimer les tableaux avec des costumes festifs, carnavalesques, et un LED transportant le public au Brésil, en Espagne ou aux Caraïbes. Combiné avec des mouvements clairs, des figures mieux synchronisées et une recherche plus poussée sur les couleurs et les costumes, cela aurait donné une prestation beaucoup plus marquante.
Fait de société :
Un excellent fait de société, porté par un jeu d’acteurs convaincant sur le sujet d’actualité du don de sang. La narration était particulièrement réussie, avec une narratrice captivante.
La qualité de la prestation et la clarté de la narration ont largement contribué à l’obtention de cette deuxième place. Bravo à l’équipe pour cette prestation sincère et engagée !
Morceau au choix :
Comme l’ont rappelé Veh Marc et plusieurs devanciers : « la danse, ce n’est pas la précipitation ». Malheureusement, le rythme très accéléré de la chanson et une première entrée précipitée ont rendu la synchronisation difficile. Les danseurs, essoufflés, ont abrégé certains enchaînements, et l’occupation scénique n’a pas été à la hauteur de ce qu’ils avaient montré lors de la manche éliminatoire.
Tafipilés de Tafiré – 3ème
Morceau imposé
Très belle chanson pour nos amis de Tafiré. Ce qu’ils devraient savoir : Le rockest une danse de couple dynamique et festive, qui exige énergie, complicité et musicalité.
Au niveau de l’exécution :
Tafiré avait l’opportunité de faire voyager les spectateurs, mais l’avion est resté au sol.
Fait de société : Très bon fait de société, bon jeu des acteurs et une narration bien maitrisée.
Morceau au choix :
Une prestation prometteuse, avec de bonnes intentions scéniques et créatives, mais qui demandait plus de maîtrise pour atteindre un niveau d’excellence.
Marie Koré de Gbogué – 4ème
Morceau imposé
Une prestation visuellement soignée mais trop linéaire et sans surprise, qui aurait gagné en force avec plus de variété, de créativité et d’assurance scénique.
Fait de société : Un très bon fait de société, bien exécuté, Une narration claire, fluide et bien portée. Un bon jeu d’acteurs, crédible et engageant. Un décor LED utilisé de manière pertinente, avec une cohérence entre les images projetées et le texte. Une rubrique réussie, où narration, jeu et scénographie se sont complétés harmonieusement
Morceau au choix
Contrairement au morceau imposé, ce tableau a été globalement bien exécuté. L’image de fond du village complétait parfaitement le décor physique et aurait gagné à rester jusqu’à la fin. Les costumes étaient soignés et l’entrée des masques bien maîtrisée. En revanche, la chorégraphie, déjà réalisée par le groupe de Diégonéfla, manquait d’innovation : la carte de la facilité a été jouée
Force DPN d’Agnéby Tiassa – 5ème
Morceau imposé
Le groupe a tiré au sort l’une des plus belles chansons de l’émission, un morceau ayant connu du succès avec plusieurs chorégraphies marquantes dans les années 2002. Cependant, malgré le potentiel, la prestation n’a pas été au niveau attendu : au-delà du retard ayant entraîné la perte de 35 points, les costumes, peu soignés et faibles en design et en couleurs, n’étaient pas appropriés pour une finale. Les mouvements et enchaînements manquaient de puissance et de clarté, et la synchronisation restait inconstante, rendant la lisibilité générale parfois faible malgré la volonté des acteurs.
Enfin, le décor LED n’était pas en adéquation avec le décor physique.
Fait de société : Un très bon fait de société, avec une thématique pertinente et un message bien véhiculé.
@Image RTI
Morceau au choix
Agnéby Tissia a livré une prestation courageuse et sincère, mais encore trop perfectible. Le niveau technique et scénique était en deçà des autres finalistes.
RTI - Radiodiffusion Télévision Ivoirienne
Au sommet de la créativité, un nom s’impose.
Au sommet des chorégraphies, respectant toutes les règles de l’art chorégraphique, ce nom résonne.
Quadruple vainqueur, il est sans doute l’un des chorégraphes les plus ingénieux de sa génération.
De la narration à la chorégraphie, en passant par la scénographie, il a marqué de son empreinte l’Aliebe de Djekanou, le Bayewa de Tabou et bien d’autres encore.
Découvrons ensemble cet homme d’exception.
1. Pouvez-vous vous présenter ?
Je suis Daniel Assandé, artiste, chorégraphe, danseur et interprète.Aujourd’hui, je suis chef de projet au Marché des Arts du Spectacle d’Abidjan (MASA).
J’ai été danseur, chorégraphe et narrateur à Variétoscope, avec à mon actif plusieurs victoires mémorables, notamment avec : Kambonou de Didiévi, Alièbé de Djekanou, Massoua de Zouzousso et Bayewa de Tabou
2. Qu’est-ce qui vous a donné envie de devenir danseur ou de participer à Variétoscope ?
À notre époque, la danse était avant tout une passion : un effet de mode, un divertissement. On aimait mettre de l’ambiance dans les quartiers, animer les soirées, vibrer ensemble. Tout cela se faisait avec spontanéité, sans calcul, par pur plaisir.
Puis est arrivée l’émission Variétoscope. Voir nos grands frères et grandes sœurs se produire sur scène nous a profondément inspirés. Nous étions fascinés aussi bien par certains danseurs du Ballet National que par des figures emblématiques comme Tibo Blao, Papis ou Touvoli Dominique. Les voir à la télévision éveillait en nous le désir de suivre leur chemin.
Dans nos quartiers, l’envie de former des groupes et de participer à ce grand concours grandissait. Peu à peu, nous nous sommes organisés, motivés par la joie de danser et par l’envie de montrer nos talents. Après Vacances Culture, Variétoscope est rapidement devenu l’émission phare, la véritable vitrine de la jeunesse.
L’esprit de compétition, l’adrénaline, la fierté d’une victoire, ce regard admiratif que tes amis posaient sur toi… tout cela alimentait notre passion. Nous n’avions pas appris dans des écoles de danse. Nous avons appris sur le tas, au fil des répétitions et des scènes improvisées. Plus tard, en rejoignant des groupes structurés comme le Kouamé Black Show, nous avons gagné en expérience et élargi nos horizons.
3. Quel regard portez-vous sur le style de danse de la nouvelle génération (2019–2025) ?
Mon regard est un peu mitigé.
On a souvent l’impression de revoir les mêmes choses, avec peu d’innovation. Beaucoup de chorégraphes ne prennent pas de risques, peut-être parce qu’ils n’ont pas traversé toutes les étapes avant de diriger un groupe. On a l’impression de voir défiler les groupes… mais en réalité, on a parfois l’impression de regarder toujours le même groupe.
Aujourd’hui, la succession d’entrées, le grand nombre de participants sur scène rendent difficile la mise en valeur de véritables performances chorégraphiques. Cela ressemble davantage à une succession de tableaux qu’à une véritable construction artistique. Le décor occupe parfois jusqu’à 80 % de l’espace, au détriment de la danse, qui reste pourtant l’essence même de Variétoscope. Les enchaînements se répètent, et certains pas datent encore des années 80. Il manque cette touche particulière qui moderniserait et rafraîchirait la création.
Mais tout n’est pas négatif. On sent chez les jeunes une vraie envie, une énergie et une détermination. Ils ont beaucoup à apporter. Après 40 ans, le concours a simplement besoin d’innovation. Sans cela, la monotonie s’installe, l’audience baisse et les salles se vident.
La responsabilité est partagée :
- Aux danseurs et chorégraphes d’oser, d’innover et de se réinventer. 
- Aux organisateurs de repenser la formule et d’apporter du neuf. 
Un concours qui dure sans évoluer finit toujours par perdre de son éclat, et c’est malheureusement ce à quoi nous assistons aujourd’hui.
4. Quels sont, selon vous, les problèmes actuels de Variétoscope et vos solutions ?Pour moi, les difficultés actuelles de Variétoscope sont d’abord organisationnelles.
Nous avons une nouvelle génération de danseurs et de chorégraphes, encore prisonniers du mimétisme, fascinés par les anciens, mais sans véritable innovation. Or, pour qu’ils puissent évoluer, il faut que le concours lui-même repense sa structure.
Il est temps de revoir ses bases :
- Devenir plus exigeant et plus contraignant. 
- Redonner une trajectoire claire, avec une vision forte. 
Tant que le concours reste figé dans son format classique (morceaux imposés, choix de thèmes, faits de société, etc.), on tourne en rond. Ce modèle n’est pas mauvais, mais après 40 ans d’existence, on peut dire que toutes les danses ivoiriennes ont été explorées.
Pourquoi ne pas internationaliser le concours ?
Introduire des influences venues d’ailleurs obligerait nos jeunes chorégraphes à approfondir leurs recherches, à se renouveler et à transmettre cette nouveauté à leurs danseurs. Aujourd’hui, c’est un peu comme une sauce que l’on prépare toujours avec les mêmes ingrédients : à 80 ou 90 %, on obtient toujours le même goût. Le public finit par se lasser, et les danseurs eux-mêmes manquent de matière à proposer.
Il faut aussi dire les choses clairement : certains groupes cherchent à gagner par des influences extérieures, des arrangements en coulisses ou même de l’argent sous la table, plutôt que par le travail. Nous n’avons pas de preuves tangibles pour accuser qui que ce soit, mais quand on est dans le milieu, on sent que cela existe.
C’est pourquoi il est urgent d’apporter plus de rigueur et de sévérité dans le fonctionnement du concours. Les règles doivent être respectées, et la victoire doit revenir aux plus méritants. Il faut un règlement intérieur beaucoup plus strict.
L’émission a vraiment besoin d’être repensée pour apporter un souffle nouveau. Parmi les solutions possibles :
- Repenser la structure du concours pour redonner de l’appétit au public. 
- Associer les anciens danseurs et chorégraphes à la réflexion : nous avons beaucoup reçu de ce concours, il est temps aussi de donner en retour. 
- Ouvrir un vrai dialogue avec la RTI, qui reste la chaîne porteuse du projet. 
- Créer un petit collège consultatif composé d’anciens danseurs et chorégraphes, afin de partager des idées et de trouver ensemble les meilleures évolutions. 
C’est dans la confrontation des points de vue qu’une vérité commune peut émerger. Sinon, le patrimoine construit par les fondateurs risque d’être dilapidé entre les mains de personnes moins expérimentées, qui n’ont ni la même passion ni la même compréhension des origines de Variétoscope.
5. Quel chorégraphe vous a le plus marqué ?Plusieurs figures m’ont profondément marqué.
Mon grand maître à moi reste Marc Veh, avec qui j’ai travaillé au Kambonou. Il est mon chorégraphe de référence. Il aimait le risque, l’innovation, avait une vision claire. Ses méthodes ont guidé toute ma carrière, et je continue de m’en inspirer aujourd’hui.
Paix à son âme, Kouadio Stanislas dit Kouaken, un grand nom de Variétoscope, qui a énormément apporté à cette compétition.
Cheick Ndiaye de l’Éveil d’Adjamé reste aussi une figure marquante.
Côté narration, je citerai Momo Eugène, Mame Campbell, Thierry Lati, Justin Cafondo : tous m’ont inspiré dans l’art de raconter, d’habiter la scène par la parole. Ce sont des personnes qui m’ont marqué, influencé et qui continuent encore d’inspirer.
Aujourd’hui, des jeunes laissent à leur tour leur empreinte : Laurent, Zamblé, et, parmi la nouvelle vague, Roma, Lala, Serge, Ahmed et bien d’autres encore qui montrent de très belles choses. Ce sont des talents prometteurs, mais il leur reste du chemin à parcourir. Ils doivent apprendre à prendre plus de risques, car la compétition, c’est aussi cela : oser. Quand ça marche, c’est une victoire. Quand ça échoue, on se remet au travail et on progresse.
Il y a également une génération intermédiaire, entre les Marc Veh et la nouvelle vague, avec des noms comme Théo Mosso, DJ Volcano, Titi, Noël Zézé. Mais en termes d’impact fort, je retiens surtout les années PVP, avec le tandem Laurent–Zamblé, qui a véritablement marqué l’histoire du concours.
6. Le morceau imposé qui vous a marqué ?
Certains morceaux ont véritablement marqué mon parcours, en particulier ceux avec lesquels j’ai remporté des victoires : « Galé » des Frères Zicalo, des titres de Luckson Padéau ou encore des Reines-Mères.
Mais s’il y a un morceau intemporel dans l’histoire de Variétoscope, c’est bien celui de la génération Falacha. Encore aujourd’hui, dès que ses sonorités résonnent, elles continuent d’enflammer les foules.
7. Une anecdote marquante ?
Des anecdotes, il y en a tellement…
Je me souviens d’une finale – ou peut-être une demi-finale – où j’assurais à la fois la narration et la danse. Après le premier ballet, j’ai pris le micro pour narrer. Mes amis venus de Yopougon, tellement fiers de ma prestation, m’ont alors soulevé et porté en triomphe… jusque dehors du Palais ! Ils ignoraient que je devais encore danser au deuxième ballet, et surtout que je devais me changer rapidement.
J’ai dû courir à toute vitesse pour enfiler mon costume, pendant que mon groupe montait déjà sur scène. Un vrai moment de panique, mais aussi un souvenir savoureux, qui illustre à quel point le public vibrait et vivait la passion du concours.
À l’époque, les spectateurs arrivaient dès 6 heures du matin et faisaient la queue pour entrer. Quand on compare cette ferveur aux salles parfois vides d’aujourd’hui, après 40 ans d’existence, cela fait mal au cœur.
8. Un dernier mot ? Vos big up ?
Mon dernier mot est d’abord un message d’encouragement à la nouvelle génération : continuez de rêver, de créer et de vous battre.
C’est aussi un appel lancé aux responsables de la RTI. Une émission qui a traversé plus de 40 années d’existence repose forcément sur des symboles, sur des visages et sur des hommes forts qui l’ont portée et fait durer. Il serait vraiment dommage que ces pionniers ne soient pas associés aujourd’hui à la réflexion pour pérenniser cet événement.
Beaucoup de personnes actuels de la RTI ont trouvé Variétoscope déjà en place. C’est pourquoi il faut désormais associer tout le monde, ne serait-ce que pour écouter, recueillir quelques propositions, et réfléchir ensemble à ce qui est réalisable. Nous avons beaucoup d’idées à partager. Nous attendons simplement d’avoir des interlocuteurs en face de nous, afin de contribuer du mieux que possible à faire progresser cette émission. Car faire progresser Variétoscope, c’est permettre aussi aux jeunes chorégraphes et aux jeunes danseurs de progresser.
Un autre point essentiel concerne le jury. Il serait important qu’il soit composé, à au moins 90 %, de professionnels de la danse. Des personnes libres et objectives, capables d’évaluer avec justesse le travail présenté. Car aujourd’hui, force est de constater que certains candidats sont notés – voire éliminés – par des jurés qui ne connaissent pas vraiment la danse. Et cela fait mal de voir des décisions basées sur des critères non objectifs.
Je prends un exemple : si un chorégraphe décide de mettre en avant une danse traditionnelle comme le Gbegbe de l’Ouest, ce n’est pas seulement la tenue qui définit l’authenticité. Il faut des connaisseurs capables d’identifier les ballets et les gestes, et de juger si les pas exécutés correspondent réellement à ce qui est demandé. Sans cette expertise, on passe à côté de l’essence même de la prestation.
Attention : nous ne rejetons pas le regard extérieur, celui des profanes, qui reste utile et important. Mais un jury ne peut pas être composé en majorité de personnes qui ne connaissent pas la danse.
Voilà ce que je souhaite dire : beaucoup d’encouragement aux jeunes qui continuent de se battre pour écrire les plus belles pages de Variétoscope. Mais il faut rappeler que Variétoscope n’est pas seulement un concours : c’est aussi un centre de formation. Dieu seul sait combien de danseurs, d’acteurs et d’hommes de culture il a formés. Ce serait vraiment dommage que la nouvelle génération ne puisse pas en bénéficier pleinement.
Merci.
Interview par Jacobson
Le Grand Debrief de la 4ème manche
Par Albert Kouassi
Consultant en innovation, ancien danseur et figure marquante de Variétoscope
*Morceau imposé*
Très belles idées dans la mise en scène, avec des tableaux originaux puisés dans la culture Akan. Le jeu des acteurs était remarquable. Bravo d’avoir osé l’originalité, notamment avec l’intégration du kormian, qui a apporté une touche créative forte.Cependant, en finale, chaque détail compte. Voici les points à corriger :
• Plusieurs problèmes de synchronisation, notamment dans les déplacements et les changements de décor.
• La première entrée a bien démarré, mais l’énergie est retombée par la suite. On a aussi perçu des hésitations lors de la transition entre la première et la deuxième entrée.
• La couleur du décor de la première entrée doit être repensée. L’intention d’harmoniser les tenues et le décor est bonne, mais il faut établir un *code couleur uniforme pour l’ensemble du spectacle*. Sinon, cela donne l’impression de voir plusieurs tableaux indépendants, ce qui distrait le spectateur. C’est une erreur fréquente chez beaucoup de groupes. Cependant, certains maîtrisent parfaitement cette technique (ex. Koumassi et Danané dans le morceau imposé). Les anciens groupes comme le Nassa de Marcory, Djinkadi d’Adjamé ou encore PVP Dance du Plateau excellaient dans cet aspect et faisaient la différence. Inspirez-vous de leurs prestations passées disponibles sur YouTube.
• Les danseurs, bien que jeunes et talentueux, doivent travailler davantage le *charisme et la présence scénique* afin d’affirmer leur place sur scène.
• N’oubliez pas : Variétoscope, c’est aussi le *spectacle. Vous avez le savoir-faire, mais osez davantage **vous amuser avec le public* pour partager plus d’émotion et d’énergie.
*Fait de société*
Un très bon jeu d’acteurs, des scènes bien représentées et une belle cohérence entre le texte et les tableaux.
*Miss*
Bonne prestation, mais encore marquée par la timidité. La présentation de Gboghué peut être approfondie et mieux développée.
*Morceau au choix*
Une belle simplicité. Un effort supplémentaire sur le choix des tenues et des couleurs donnerait plus de force visuelle. Bravo pour le dernier tableau, qui a particulièrement marqué.
Haut-Sassandra – 2ᵉ
Morceau imposé
Très belle prestation avec des propositions vestimentaires originales et soignées. Le travail avec la 3ᵉ et 4ᵉ était réussi, et l’utilisation des accessoires efficace.
Points à améliorer :
Le décor n’était pas toujours lisible dans l’ensemble. Il faudra revoir le design et le prendre au sérieux : la qualité du tissu, les dessins et les couleurs de peinture doivent illustrer clairement le thème et mettre en valeur à la fois les vêtements et la chorégraphie.
Les mouvements étaient bien lisibles et travaillés, mais certaines transitions peuvent être encore fluidifiées.
Fait de société – L’immigration illégale
La narration était très réussie : belle introduction, très entraînante.
Beau jeu d’acteurs sur un sujet d’actualité.
Attention à la cohérence de la playlist : certaines musiques (Ismo LO, Zagazougou, musique nigériane) ne correspondaient pas toujours à l’environnement ou à la scène. Chaque morceau doit être choisi pour renforcer l’atmosphère et le contexte de la scène.
Miss
Très belle prestation, avec une présentation soignée et une tenue travaillée.
Morceau au choix
Globalement bien exécuté, avec de belles propositions vestimentaires.
Cependant, certaines hésitations des danseurs ont été perceptibles, et l’usage des accessoires a parfois déséquilibré la scène (objets tombant, mouvements perturbés).
Attention au décor peint : les dessins doivent être professionnels et les finitions soignées.
Dans l’ensemble, une belle prestation qui peut être encore renforcée par une meilleure fluidité, une attention aux détails et une cohérence globale entre décor, musique et accessoires.
Kpemi Anyama – 3ᵉ
Morceau imposé
Beau décor sobre et belles tenues. Cependant, trop de temps morts lors des changements et de l’utilisation des accessoires. De belles idées créatives étaient présentes, mais elles n’ont pas été exploitées pleinement.
L’effort de storytelling avec les chaînes était intéressant, mais trop bref pour être pleinement impactant.
Fait de société – Les enfants à l’école
L’histoire manquait de clarté : le lien entre la scolarisation des enfants et les travaux champêtres n’était pas assez explicite.
Par exemple vous aurez pu :
Mettre en avant une famille qui scolarise ses enfants et qui sort de la précarité grâce à la réussite scolaire de ceux-ci.
Montrer une autre famille où le père ou la mère ne voit pas l’intérêt de l’école, et qui regrette de voir les enfants des voisins réussir.
Le jeu des acteurs était bon, mais l’histoire et le sujet méritent d’être mieux élaborés et structurés.
Miss
Discours maîtrisé, mais la diction doit être travaillée pour plus de clarté.
Morceau au choix
L’occupation scénique était à revoir. La chanson choisie, de Joël C., était belle, mais l’exécution a été moyenne.
Points à améliorer :
Synchronisation des mouvements des danseurs.
Trop d' hésitations.
Meilleure gestion de l’énergie : les danseurs semblaient souvent essoufflés.
Bien que Kpemi d’Ayaman ait toujours réussi son morceau au choix par le passé, cette prestation montre qu’il faudra travailler l’endurance, la précision et la cohésion scénique pour briller à nouveau.
Émergence Groupe de Yopougon – 4ème
Morceau imposé
Excellent travail ! Très beau décor royal, une chorégraphie claire et lisible, un beau jeu d’acteurs sur scène. On a senti de la fluidité dans les mouvements, les entrées et les sorties. Beaucoup d’engagement et une belle émotion transmise au public.
Fait de société
Un très bon jeu d’acteurs, mais malheureusement pas suffisamment mis en valeur par le narrateur. Beaucoup d’hésitations dans la narration, un texte mal maîtrisé, une diction saccadée et de longs temps morts.
Lors de la scène du vote, vous auriez pu améliorer la mise en scène en utilisant des papiers blancs à déposer dans une belle caisse prévue pour l’occasion, plutôt que d’utiliser un simple seau. Cela a donné une impression de négligence et a affaibli le message.
Miss
Très belle diction et une présentation réussie !
Morceau au choix
Beau morceau dans l’ensemble, avec de jolis tableaux et un bon dévouement des acteurs sur scène. Attention toutefois à la gestion des accessoires, qui peuvent parfois gêner la fluidité du spectacle.
Formé à la danse auprès de Rose-Marie Guiraud, puis au sein de la compagnie Kouamé Black Show, il perfectionne son art en France avec Bernardo Monte.
Créateur prolifique, il a signé des pièces remarquées comme Nanjy (2007), Nu (Festival On Marche, Marrakech, 2008), ou encore Face(s) (2010). Créateur et artiste multidisciplinaire, il est aussi acteur, connu pour ses rôles dans Beau Travail, Reine Crocodile ou encore Sur la tête de Bertha Boxcar. Sans lui, Variétoscope n’aurait sans doute pas été le même.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de devenir danseur et de participer à Variétoscope ?
Au départ, c’était surtout un effet de mode. Les danses en vogue à l’époque — disco, funk et breakdance — nous attiraient. Dans mon quartier, mes aînés faisaient des démonstrations pendant les vacances ou les soirées, et avec mes amis, on essayait de les imiter, par passion.
J’avais aussi des modèles comme Papson et son frère Cheick (chorégraphe d’Éveil d’Adjamé), Ziké de Papson d’Abobo ou encore Pacôme d’Adjamé. Petit à petit, je me suis pris au jeu.
C’est là que ma tante, Rose-Marie Guiraud, a proposé à mes parents de m’inscrire à son école de danse. Ensuite, avec mes amis, nous avons intégré la compagnie Kouame Black Show, qui mêlait déjà danse traditionnelle et danse moderne, prémices de la danse contemporaine. C’est Kouamé Black Show qui m’a donné ma première chance à Variétoscope, avec le groupe de Bingerville. J’étais avant cela spectateur à la télé, sans intention d’y participer. Mais l’année suivante, mes amis du quartier m’ont demandé de les coacher. De ce groupe sont sortis mes meilleurs danseurs, car ils avaient travaillé sur le long terme et savaient anticiper mes intentions. Voilà comment je me suis retrouvé dans Variétoscope.
Quel regard portez-vous sur le style de danse de la nouvelle génération (2019–2025) ?
Aujourd’hui, mon regard n’est pas très reluisant face à l’évolution des pas et des gestuelles des danseurs. Je retrouve souvent des enchaînements de mon époque, répétés sans que les chorégraphes y ajoutent leur inspiration ou les fassent évoluer. Beaucoup de danseurs restent en mouvement du début à la fin de la musique, oubliant que la danse est faite de mobilité et d’immobilité, tout comme la musique est faite de sons et de silences, ou comme un tableau est fait de nuances.
Résultat : les ballets se ressemblent, comme s’ils avaient tous été créés par la même personne. On multiplie les entrées (deux, trois, quatre…) et les décors prennent le dessus, donnant au spectateur l’impression d’être bombardé par des images qui s’enchaînent à grande vitesse. Certains chorégraphes ne prennent plus de risques pour surprendre le public et inspirer leurs collègues à explorer de nouveaux horizons.
Attention, je ne dis pas que tout est mauvais : il y a quelques chorégraphes, dont je ne connais pas toujours les noms, qui sortent du lot. Mais la tendance dominante est celle-ci.
Je suis allé incognito à la manche de ce week-end et j’ai constaté qu’il y avait des difficultés à remplir le Palais de la Culture. Or, à mon époque, même le Palais des Sports débordait de spectateurs : dehors, il y en avait parfois plus que dedans. Pourquoi ? Parce que le public était sûr d’y trouver du spectacle, de la créativité et de la gestuelle originale. À mon avis, c’est ce manque d’innovation qui a relégué Variétoscope au second plan parmi les émissions culturelles.
Quels sont, selon vous, les problèmes actuels de Variétoscope et quelles solutions proposez-vous ?
Les solutions passent absolument par les danseurs eux-mêmes. Leur passion doit s’exprimer au quotidien, comme autrefois dans les quartiers où, chaque après-midi, on se retrouvait pour danser, se distraire et même entretenir sa santé. Avec mon petit groupe, nous n’attendions pas Variétoscope : nous dansions par passion et nous nous perfectionnions ainsi.
Les chorégraphes, de leur côté, devraient aussi s’impliquer bénévolement, sans rien attendre en retour. C’est lorsque la danse devient un amusement, une distraction, un moment de plaisir, que naît le véritable perfectionnement. Ainsi, le jour venu, à Variétoscope, chorégraphes et danseurs se comprennent déjà dans la gestuelle et peuvent se concentrer uniquement sur la musique imposée.
Quel chorégraphe vous a le plus marqué ?
À mon époque, je citerais Cheick (Éveil d’Adjamé) et Turbo (Mâchoiron de Jacqueville).
Dans la nouvelle génération, je n’ai pas retenu beaucoup de noms, mais certains se distinguent tout de même par leur originalité.
Le morceau imposé qui vous a marqué ?
Je dirais la musique des frères Zigalo avec Galé. Au départ, je trouvais ça nul, mais finalement, c’est resté comme un souvenir marquant.
Une anecdote marquante ?
Au début des présélections, mes danseurs étaient tellement convoités par Didievi et Djékanou qu’ils se sont séparés en deux groupes. Pour ne pas faire de choix, j’ai décidé de travailler avec les deux : quatre jours à Didievi et quatre jours à Djékanou.
Résultat : à Bouaké, lors des présélections, Djékanou est arrivé premier, Didievi deuxième. Puis à la deuxième manche, Didievi premier, Djékanou deuxième. Avant la phase d’Abidjan, j’ai dû choisir : j’ai continué avec Didievi, qui a remporté. L’année suivante, j’ai repris Djékanou, et eux aussi ont gagné.
Un dernier mot ? Vos big up ?
Pour le dernier mot, j’aimerais encourager tous les acteurs de la danse à relever le défi : ramener Variétoscope à la place qu’il occupait autrefois dans le paysage culturel ivoirien. Il faut aussi veiller à inclure davantage les anciens chorégraphes parmi les membres du jury. La culture n’est pas uniquement cérébrale, elle convoque autre chose que le physique ou l’intellect. Pour la pratiquer et l’évaluer, il faut mobiliser plus que le simple bagage académique. La plupart des chorégraphes qui ont fait — et qui font encore — les beaux jours de Variétoscope s’appuient sur une expérience et une sensibilité qu’on ne retrouve pas dans les mots. Pourtant, j’ai l’impression qu’on les met trop de côté. Je voudrais leur adresser une pensée particulière.
Merci
Interview par Jacobson
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