🎤 Rencontre avec Albert Kouassi

Consultant en innovation, ancien danseur et figure marquante de Variétoscope

“Variétoscope, c’est plus qu’une émission. C’est une école de vie.”

1.⁠ ⁠Pouvez-vous vous présenter ?

Je suis Albert Kouassi, consultant senior en innovation, management de projets et transformation digitale. Mais avant tout cela, j’ai été danseur, notamment dans les années 1999–2000 avec le groupe Horognan System de Satimatiguila.  Cinq ans après la finale de 2002 qui ne s’est pas tenue, j’ai poursuivi mon parcours dans l’émission Varietoscope, où j’ai porté plusieurs casquettes entre 2007 et 2010 : co-chorégraphe, conseiller chorégraphique, styliste-designer, chef d’orchestre design et scénographie.
J’ai collaboré avec plusieurs groupes, 

notamment :
•⁠  ⁠Tiassalé et Yakassé-Mé en 2007,
•⁠  ⁠Yêyokoun de Krindjabo et PVP Dance du Plateau en 2008,
•⁠  ⁠Agir Dance de Guibéroua, finaliste en 2009 et vainqueur en 2010.

J’ai également eu la chance de travailler avec des chorégraphes formateurs de renom qui ont contribué à écrire les plus belles pages de cette émission.

 2.⁠ ⁠Qu’est-ce qui vous a donné envie de devenir danseur ou de participer à Varietoscope ?

Depuis mon enfance, la danse fait partie intégrante de mon ADN. J’ai commencé dans les années 1993–1994 grâce à Wozo Vacances. À cette époque, chaque danseur rêvait de fouler un jour la scène de Varietoscope. Les artistes qui y participaient étaient nos modèles, nos chorégraphes, et ils partageaient avec nous leurs expériences fascinantes.
On grandissait donc avec cette impatience d’avoir 18 ans pour enfin avoir notre tour dans cette émission mythique.

 3.⁠ ⁠Quel regard portez-vous sur le style de danse de la nouvelle génération (2019–2025) ?

Avant d’évaluer leur style, il faut souligner que la pause de 9 ans entre les anciennes éditions et la reprise de Varietoscope a eu un impact considérable. La nouvelle génération a surtout connu Wozo Vacances et a naturellement tenté de transposer son style à Varietoscope, ce qui est une erreur, car ce sont deux émissions bien distinctes.
Ainsi, au départ (2019–2020), on assistait à des prestations très précipitées, des chorégraphies mal structurées, avec peu de storytelling. Les mouvements étaient souvent désordonnés, parfois même exagérés de manière individuelle. Ce n’était pas du Varietoscope, mais plutôt un chaos habillé en costume.
Mais depuis 2023, on constate une réelle évolution positive : plus de rigueur, d’originalité, une véritable recherche artistique, et surtout un travail remarquable sur les costumes. Il y a de la créativité, de la passion, et je suis convaincu que cette génération ira encore plus loin.

 4.⁠ ⁠Quels sont, selon vous, les problèmes actuels de Varietoscope, et quelles solutions proposez-vous ?
Les défis sont nombreux. Parmi les plus urgents :
•⁠  ⁠L’absence d’un règlement intérieur clair, contrairement aux années 80 à 2010.
•⁠  ⁠Des résultats parfois controversés, démotivant certaines villes et communes.
•⁠  ⁠Trop de sorties et d’entrées inutiles pendant les prestations, rendant les ballets illisibles et augmentant les coûts logistiques (danseurs à nourrir, habiller pour quelques secondes de scène).
•⁠  ⁠Un manque de transparence dans la rubrique des questions, qui ne sont pas tirées au sort comme cela devrait être le cas.
Mes propositions :
•⁠  ⁠Mettre en place un règlement intérieur solide, avec des conditions générales de participation bien définies.
•⁠  ⁠Assurer une transparence totale dans le tirage au sort des questions, fait devant le public par les groupes.
•⁠  ⁠Imposer deux morceaux imposés  par moment pour éviter la monotonie et diversifier les styles.
•⁠  ⁠Limiter les relais (déjà bien engagé avec la règle des 4 relais maximum).
Ces réformes permettront à Varietoscope de retrouver sa crédibilité et sa magie.

 5.⁠ ⁠Quel chorégraphe vous a le plus marqué ?
Plusieurs m'ont marqué, chacun pour des raisons différentes :
•⁠  ⁠Kouamé de Kan System (Tiébissou) : pour sa rigueur dans les mouvements de danse traditionnelle.
•⁠  ⁠Veh Marc : pour son sens de l’esthétique, la créativité dans les accessoires et la recherche visuelle.
•⁠  ⁠Kouadio: pour son innovation pertinente et inspirante.

 6.⁠ ⁠Et les groupes marquants ?
Ils sont nombreux, mais trois se distinguent par leur originalité :
 1.⁠ ⁠Aliebé de Djekanou
 2.⁠ ⁠Kambonou Star de Didiévi
 3.⁠ ⁠Walê Wako de Grand-Lahou

 7.⁠ ⁠Le morceau imposé qui vous a marqué ?
Galet des frères Zikalo: une vraie source d’inspiration.

 8.⁠ ⁠Le morceau imposé le plus difficile ?
Pas le pire, car la difficulté fait partie du jeu, mais le plus complexe selon moi reste "Devant Dougou" de Gadji Céli, utilisé en finale 2000. Un vrai défi technique et artistique.

 9.⁠ ⁠Une anecdote marquante ?
Oui, une qui me fait encore sourire aujourd’hui. Lors de la 1ère manche en 2001, alors que je dansais sur scène, la fermeture éclair de mon pantalon a sauté… Et pour ne rien arranger, je n’avais pas mis de sous-vêtement ce jour-là ! J’étais à deux doigts de me retrouver nu sur scène.
J’ai donc attrapé mon pantalon de toutes mes forces tout en continuant à danser. Le public retenait son souffle, croyant voir le drame arriver. Mais j’ai tenu bon jusqu’au bout ! À la fin, le public est venu me féliciter pour mon sang-froid et mon professionnalisme. On a même terminé 1er ce jour-là.
À la demi-finale, je n’ai pas pris de risques : deux cyclistes sous le pantalon, et contrôle sécurité renforcé avant la scène !

10.⁠ ⁠Un dernier mot ? Vos big up ?
Je remercie tous ceux qui ont contribué à faire de Varietoscope un vivier de talents. Big up à tous les chorégraphes, costumiers, danseurs, techniciens, et au public fidèle.
Varietoscope, c’est plus qu’une émission : c’est une école de vie, une famille, un héritage culturel vivant. Merci à vous de faire perdurer cette magie qui a aujourd'hui 40 ans.

Propos recueillis par Eudess Tokpan