Par Albert Kouassi
Consultant en innovation, ancien danseur et figure marquante de Variétoscope
@image RTI
La 40ᵉ édition de Varietoscope s’est clôturée en apothéose, marquée par une innovation digitale marquante et une victoire éclatante de la Nouvelle Vision de Danané. Leur prestation magistrale a conquis le public présent, les téléspectateurs et l’ensemble des amoureux du spectacle.
Derrière eux, la Génération FR de Koumassi (tenant du titre) s’empare de la 2ᵉ place, suivie de Tafipilés de Tafiré (3ᵉ), Marie Koré de Gbogué (4ᵉ) et Force DPN Agnéby Tiassa (5ᵉ).
Mais qu’est-ce qui a fait la différence ? Zoom sur les rubriques, les succès et les axes d’amélioration.
Nouvelle Vision de Danané – Vainqueur
Morceau imposé
@RTI
Un tableau festif d’une grande qualité, porté par :
• des costumes spectaculaires, aux couleurs harmonieuses et parfaitement assorties aux accessoires,
• une exécution précise et énergique, avec des figures claires et une communication scénique vibrante,
• une maîtrise remarquable de la scénogrphie et du décor LED, qui a sublimé la chorégraphie par des paysages et univers graphiques immersifs. Un mélange réussi entre esthétique, énergie et innovation.
Fait de société
• Forces : Une bonne introduction de la thématique, soutenue par un jeu d’acteurs solide.
• Axes d’amélioration :
o L’intégration de références aux réseaux sociaux, bien que divertissante, a parfois brisé la fluidité narrative sans véritable valeur ajoutée. Mieux doser ces clins d’œil renforcerait l’impact du message.
o Le narrateur gagnerait à varier davantage les voix, notamment féminines, afin d’éviter une uniformité qui nuit à l’immersion.
Un sujet pertinent et globalement bien mené, mais qui aurait pu être encore plus marquant avec ces ajustements.
Morceau au choix
Une prestation aboutie, avec :
• des transitions fluides,
• une communication scénique naturelle et captivante des acteurs,
• une parfaite synergie entre décor physique et écran LED, qui a transporté le public dans un voyage sensoriel au cœur de l’Ouest de la Cote d’ivoire.
Un moment fort de la finale, où technique et émotion se sont conjuguées pour offrir une expérience inoubliable.
La Nouvelle Vision de Danané a livré une performance complète et maîtrisée, réunissant innovation, énergie et authenticité. Une victoire unanimement saluée, qui les inscrit désormais dans la légende de Varietoscope. Bravo à eux à toute l’équipe investie!
Génération FR de Koumassi – 2ème
Morceau imposé
L’idée de proposer un voyage à travers plusieurs tableaux successifs était intéressante. Cependant :
• Le rythme de la chanson, trop accéléré, a dénaturé le rendu et réduit l’engagement des acteurs, pourtant si fort lors des phases éliminatoires.
• Les costumes : le choix des couleurs n’a pas été une réussite. L’ouverture en rouge et noir a donné un ton sombre, puis la tenue bigarrée manquait de cohérence. Mélanger couleurs primaires et secondaires crée un rendu confus ; mieux vaut rester dans une même famille de couleurs pour conserver l’harmonie.
• La scénographie : L’idée d’intégrer les notes de musique sur scène était pertinente et en parfaite harmonie avec l’esprit festif de la salsa. Cependant, le décor LED projetait trop d’images hétérogènes (Tour Eiffel, Japon…), alors que le décor physique affichait la mention « J’aime Koumassi de Remark ». Cette inscription n’était pas nécessaire : tout le monde savait qu’il s’agissait de la prestation de Koumassi. Le mélange des éléments manquait d’inspiration et de cohérence, rendant difficile la lecture de l’environnement : soit l’on est à Koumassi, soit à l’international (Paris, Japon…), mais la scène ne parvenait pas à s’affirmer clairement dans un lieu précis.
Vous aviez pourtant l’opportunité de sublimer les tableaux avec des costumes festifs, carnavalesques, et un LED transportant le public au Brésil, en Espagne ou aux Caraïbes. Combiné avec des mouvements clairs, des figures mieux synchronisées et une recherche plus poussée sur les couleurs et les costumes, cela aurait donné une prestation beaucoup plus marquante.
Fait de société :
Un excellent fait de société, porté par un jeu d’acteurs convaincant sur le sujet d’actualité du don de sang. La narration était particulièrement réussie, avec une narratrice captivante.
La qualité de la prestation et la clarté de la narration ont largement contribué à l’obtention de cette deuxième place. Bravo à l’équipe pour cette prestation sincère et engagée !
@Image RTI
Morceau au choix :
Comme l’ont rappelé Veh Marc et plusieurs devanciers : « la danse, ce n’est pas la précipitation ». Malheureusement, le rythme très accéléré de la chanson et une première entrée précipitée ont rendu la synchronisation difficile. Les danseurs, essoufflés, ont abrégé certains enchaînements, et l’occupation scénique n’a pas été à la hauteur de ce qu’ils avaient montré lors de la manche éliminatoire.
• Au niveau de la scénographie, trop d’informations et d’images sur l’écran LED ont créé un effet confus, peu harmonieux avec le décor physique. Un apprentissage plus poussé de l’utilisation du décor LED serait nécessaire pour éviter que ces éléments ne distraient le public. Même si la chanson a été interrompue un moment, le fond de la chorégraphie et le décor n’étaient pas synchronisés.
• En revanche, certains passages ont été bien exécutés : le jeu scénique de l’avant-dernière partie et le travail avec le masque ont été réussis. Enfin, il serait préférable d’éviter de “jouer la carte de la facilité” en compilant uniquement les parties dansantes (tam-tam) de la musique d’Aziz 47. Un effort sur de nouveaux enchaînements et mouvements aurait été nécessaire pour surprendre et marquer les esprits.
• Dans l’ensemble, la prestation était correcte, mais pour une finale, le champion en titre pouvait viser un niveau supérieur.
Tafipilés de Tafiré – 3ème
Morceau imposé
Très belle chanson pour nos amis de Tafiré. Ce qu’ils devraient savoir : Le rockest une danse de couple dynamique et festive, qui exige énergie, complicité et musicalité.
o Tafiré était attendue sur la maîtrise technique, la précision et la créativité chorégraphique, mais cela a manqué.
o Les pas de base (en 6 temps : triple step, step-step ou en 4 temps) n’ont pas été suffisamment maîtrisés.
Au niveau de l’exécution :
o Dès la première entrée, un manque de rythme et de musicalité s’est fait sentir. La connexion entre les couples : le leader (celui qui conduit) et la suiveuse n’était pas harmonieuse.
o Peu d’enchaînements de passes, de tours, de changements de places, de portés ou d’acrobaties.
• Costumes et scénographie :
o Des tenues vestimentaires trop sombres, qui ne reflétaient pas l’aspect joyeux et festif du rock.
o Le décor LED manquait d’harmonie avec le décor physique et les costumes.
o L’idée du thriller était très intéressante et globalement bien exécutée. Toutefois, une projection plus immersive (cimetière, zombies) aurait renforcé l’impact et communiqué davantage d’émotions au public.
o L’arrivée des motards n’apportait pas de valeur ajoutée, car ils se limitaient à figurer dans le décor du cimetière projeté. En revanche, la dernière entrée, plus rythmée et joyeuse, a redonné de l’énergie : dommage que ce ton n’ait pas été adopté dès le début.
• Cohérence et lecture de prestation :
o La prestation manquait d’une ligne éditoriale claire, rendant la compréhension difficile.
o Les entrées répétées dans le cimetière avec les motards accentuaient la confusion.
o Une alternative plus impactante aurait été :
▪ des costumes inspirés des années 50 (afros, looks vintage),
▪ une scène dans les rues de Broadway, Times Square ou New York,
▪ un décor LED plongeant le public dans un univers festif et urbain.
Tafiré avait l’opportunité de faire voyager les spectateurs, mais l’avion est resté au sol.
Fait de société : Très bon fait de société, bon jeu des acteurs et une narration bien maitrisée.
@RTI
Morceau au choix :
• Même remarque que Koumassi concernant l’utilisation de la chanson d’Aziz 47 : un choix trop facile qui manque d’originalité.
• En revanche, Tafiré a montré de belles idées et un vrai potentiel créatif.
• Avec plus de rigueur dans l’exécution, le groupe aurait pu viser encore plus haut.
• Les images projetées dans la scénographie étaient intéressantes, mais trop animées, générant un flux d’informations parfois confus.
• La prestation des cadres en costumes, en harmonie avec les dirigeants, a été bien exécutée et a transmis un message fort de paix.
Une prestation prometteuse, avec de bonnes intentions scéniques et créatives, mais qui demandait plus de maîtrise pour atteindre un niveau d’excellence.
Marie Koré de Gbogué – 4ème
Morceau imposé
• Exécution :
o Une très belle chanson rythmée d’Orentchy, mais seulement moyennement exécutée.
o Le niveau de maturité scénique des acteurs dès la première entrée n’était pas suffisant pour embarquer le public.
o Beaucoup d’hésitations et un manque de maîtrise chorégraphique ont affaibli l’impact.
• Déroulement :
o Un début trop long et monotone, avec des mouvements répétitifs sur l’escalier et une occupation scénique globalement groupée et centrée.
o Le jeu scénique entre le leader et les autres n’était pas clairement défini.
o Les autres tableaux, bien que visuellement beaux, sont restés linéaires : peu de surprises, peu de créativité, peu d’impact.
• Costumes et scénographie :
o Costumes bien travaillés et soignés, en harmonie avec la scénographie.
o Le décor LED, trop animé, apportait de la distraction avec des images peu explicites.
o Des choix plus variés auraient pu enrichir la prestation :
▪ un tableau avec des vêtements traditionnels (Bassamois, Akan…),
▪ un tableau représentant un corps de métier (policiers, balayeuses, infirmiers…) exécutant une chorégraphie entraînante.
• Énergie globale :
o Manque de constance dans l’intensité.
o Certains passages donnaient une impression d’hésitation, réduisant l’impact global.
Une prestation visuellement soignée mais trop linéaire et sans surprise, qui aurait gagné en force avec plus de variété, de créativité et d’assurance scénique.
Fait de société : Un très bon fait de société, bien exécuté, Une narration claire, fluide et bien portée. Un bon jeu d’acteurs, crédible et engageant. Un décor LED utilisé de manière pertinente, avec une cohérence entre les images projetées et le texte. Une rubrique réussie, où narration, jeu et scénographie se sont complétés harmonieusement
Morceau au choix
Contrairement au morceau imposé, ce tableau a été globalement bien exécuté. L’image de fond du village complétait parfaitement le décor physique et aurait gagné à rester jusqu’à la fin. Les costumes étaient soignés et l’entrée des masques bien maîtrisée. En revanche, la chorégraphie, déjà réalisée par le groupe de Diégonéfla, manquait d’innovation : la carte de la facilité a été jouée
Force DPN d’Agnéby Tiassa – 5ème
Morceau imposé
Le groupe a tiré au sort l’une des plus belles chansons de l’émission, un morceau ayant connu du succès avec plusieurs chorégraphies marquantes dans les années 2002. Cependant, malgré le potentiel, la prestation n’a pas été au niveau attendu : au-delà du retard ayant entraîné la perte de 35 points, les costumes, peu soignés et faibles en design et en couleurs, n’étaient pas appropriés pour une finale. Les mouvements et enchaînements manquaient de puissance et de clarté, et la synchronisation restait inconstante, rendant la lisibilité générale parfois faible malgré la volonté des acteurs.
Enfin, le décor LED n’était pas en adéquation avec le décor physique.
Fait de société : Un très bon fait de société, avec une thématique pertinente et un message bien véhiculé.
• Axes d’amélioration :
o La mise en scène restait trop simple pour marquer durablement.
o Un travail plus poussé sur le rythme et la narration aurait renforcé l’impact.
@Image RTI
Morceau au choix
• Des idées intéressantes dans la conception,
• une énergie communicative, avec une occupation scénique moyenne reussie
• un enthousiasme qui a plu au public.
• Des costumes moins relévés au niveau du design et des couleurs
Agnéby Tissia a livré une prestation courageuse et sincère, mais encore trop perfectible. Le niveau technique et scénique était en deçà des autres finalistes.
Images:
RTI - Radiodiffusion Télévision Ivoirienne